Ella Maillart’s Project @ Hyderabad-INDIA

L’artiste Delphine Delas a présenté un projet d’art urbain durant une résidence d’artiste entre la galerie Kalakriti de Hyderabad en Inde et Bordeaux Métropole. Cette résidence a eu lieu en novembre 2017 pour une durée de 5 semaines, dans le cadre également de Bonjour India avec l’Institut Français en Inde et l’Ambassade de France en Inde.
Ce projet se concentrait autour de la figure d’une écrivaine et photographe occidentale, Ella Maillart, (grande voyageuse suisse, ayant vécu en Inde pendant de longues années), sa présence en Inde, son fond photographique d’archives de 1940 à 1945, le contexte de la seconde guerre mondiale et l’art urbain.
L’accès aux fonds photographiques a été facilité par les archives même de l’artiste situées en Suisse, au Musée de l’Élysée de Lausanne et à Chandolin grâce à l’Association Les amis d’Ella Maillart qui poursuit activement à promouvoir la mémoire de la voyageuse.

Ella Maillart a passé 5 années de sa vie, de 1940 à 1945, dans le sud de l’Inde auprès des maîtres de sagesse Ramana Maharishi et Atmananda Krishna Menon. Hormis un destin extraordinaire, la figure d’Ella Maillart symbolise également des idéaux de liberté, d’autonomie, d’égalité, de créativité mais aussi l’audace d’une femme. Son refus des normes sociales et d’identité en font un vrai symbole moderne et contemporain qui se doit d’être mis en avant.
« Je suis allée en 2016 à Chandolin, petit village suisse à 2000 mètres d’altitude, où Ella Maillart a vécu ses derniers jours, pour rencontrer les personnes qui s’occupent avec beaucoup de respect de son travail. C’est dans ce village que j’ai pu comprendre aussi toute l’importance de ce que fut la vie de cette grande voyageuse. En effet, Ella Maillart, à partir de ses 40 ans, passait six mois à Chandolin puis le reste de l’année en voyage, essentiellement en Inde. Je suis rentrée dans sa demeure encore intacte et bien conservée, où règne sa présence par les livres, les objets d’Asie, les portraits photographiques de sages indiens, etc. Le Musée de l’Elysée à Lausanne m’a également accueillie pour pouvoir accéder à leur fond photographique et faire des recherches sur sa période indienne. J’ai pu alors contempler tout le fond photographique d’Ella Maillart. Soit 12000 photographies répertoriées et numérotées par Ella Maillart elle-même. Pascale Pahud, documentaliste du Musée de l’Élysée, m’a guidée dans tout ce travail de recherche et m’a envoyée ensuite les photos en .jpeg d’Ella Maillart que j’avais pu sélectionner sur place.
En contemplant ces photos, je n’ai plus eu de doutes quant au fait de représenter et d’interpréter en très grand le travail d’Ella Maillart. Elle aimait profondément l’Inde et j’ai souhaité rendre hommage à ce lien fort qui l’unissait à ce pays. »

L’artiste Delphine Delas a proposé la conception et la réalisation de murals dans les rues d’Hyderabad autour de la figure d’Ella Maillart. Chaque mur avait une histoire en lien avec les photos d’Ella Maillart.
À partir de ce travail en Suisse de recherche photographique, Delphine Delas avait sélectionné certaines images qu’il lui a semblé opportun de retravailler et réinterpréter pour présenter son projet.
En effet, à partir de certaines de ces images, elle est donc intervenue dans différents lieux à Hyderabad, dont le quartier Hitech city et notamment sous le pont.
En parallèle, et pour honorer sa présence dans le Sud de l’Inde, Delphine Delas s’est déplacée également à Pondichéry où Ella Maillart a séjourné, pour coller des images dans les rues à partir de portraits photographiques de la Suisse.

Deux expositions ont été également inaugurées pour présenter des travaux de dessins : La première exposition eut lieu en décembre 2017 à l’Alliance Française d’Hyderabad avec des dessins réalisés à partir des photographies d’Ella Maillart sur des cartes anciennes. Et la deuxième exposition a eu lieu en février 2018 au Club Botanika, Galerie Kalakriti de Hyderabad avec un travail plus coloré, toujours sur carte ancienne de l’Inde. Lors de la résidence effectuée en novembre 2017, l’artiste a produit également des dessins sur feuilles de couleur à partir des photographies.

↠ BRÈVE BIOGRAPHIE D’ELLA MAILLART

Ella Maillart (20 février 1903 à Genève – 27 mars 1997 à Chandolin en Suisse) est une
voyageuse, écrivaine et photographe suisse. Elle est la fille de Paul Maillart et de Dagmar Klim.
Sa famille s’installe au bord du lac Léman en 1913.
Attirée dès son jeune âge par le sport et le dépassement de soi-même, Ella Maillart y rencontre Hermine de Saussure (surnommée « Miette »), fille d’un officier de marine et arrière-arrière-petite-fille de Horace-Bénédict de Saussure considéré comme le fondateur de l’alpinisme, avec qui elle pratique la voile et le ski.
Un concours de circonstances et le mariage de son amie Miette avec l’archéologue français Henri Seyrig (mariage dont sera issue la future actrice Delphine Seyrig) l’obligent à abandonner son rêve de vivre en mer. Membre de l’équipe suisse de ski, elle défend, de 1931 à 1934, les couleurs de la Suisse aux quatre premiers championnats du monde de ski alpin mais, attirée par le cinéma russe, elle part pour Moscou faire un reportage dont elle tire son premier livre : Parmi la jeunesse russe.
Après un premier séjour à Moscou et la traversée du Caucase en 1930, elle parcourt l’Asie centrale soviétique en 1932. En 1934, elle convainc le rédacteur en chef du Petit Parisien, Élie-Joseph Bois de l’envoyer au Mandchoukuo, État créé par les Japonais en Chine en 1932.
Le plus grand quotidien d’alors finance son expédition et lui fournit une carte de presse qui lui procure les facilités de passage. Elle y rencontre Peter Fleming, grand reporter pour The Times et agent du M16 et se lance avec lui, en février 1935, dans un voyage de six mille kilomètres, de Pékin jusqu’à l’Inde, qui va durer sept mois et dont le récit sera retracé à la fois par Peter Fleming dans son livre Courrier de Tartarie et par Ella Maillart sous le titre Oasis interdites.
En 1937, elle traverse l’Inde, l’Afghanistan, l’Iran et la Turquie pour faire des reportages, puis en 1939, elle part dans une Ford, de Genève à Kaboul, avec Annemarie Schwarzenbach (nommée Christina dans le récit qu’elle rédige du voyage sous le titre La Voie cruelle). La même année éclate la seconde guerre mondiale et Ella décide alors de s’installer en Inde durant ces périodes de trouble.

↠ COLLAGES À PONDICHERY