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Paysages Bordeaux 2017 : Port de la Lune – UNESCO


Invitée pour l’exposition 10 ans 10 regards de la Saison Paysages, une grande fresque offerte au bord du miroir d’eau offre sa vision du Port de la Lune. Bordelaise native, Delphine Delas est une artiste-voyageuse qui exprime son besoin d’évasion et de liberté dans le temps et l’espace au travers de ses dessins, ses collages et ses performances mapping.

Après de nombreux voyages à travers le globe, Delphine Delas a dû quitter le Canada il y a trois ans pour s’installer entre Paris et Bordeaux dont elle est originaire. Depuis, l’artiste très présente sur la scène régionale et parisienne continue de développer ses différents axes de travail mêlés, indissociables et tournés vers l’expression de l’ailleurs, d’un imaginaire lyrique.

Issue d’une famille d’artistes, la création a toujours eu sa place dans le quotidien de Delphine Delas qui se souvient des personnages de bandes-dessinées qu’elle dessinait petite. Pourtant, si l’art plastique est aujourd’hui son métier, elle s’est tournée vers l’Ecole du Louvre pour étudier l’histoire de l’art, des premières formes en Egypte, en Mésopotamie et en Afrique, jusqu’à l’art contemporain qu’elle a approfondi à la Sorbonne. C’est de sa formation intense et des indénombrables références mémorisées qu’elle dit avoir trouvé les inspirations de son travail actuel.

L’artiste touche à tout, dessin comme peinture, divers médiums. La création rythme inlassablement son quotidien. Le goût du travail la pousse à développer plusieurs projets dans un même temps, expérimentant plusieurs démarches, différentes formes et supports qui s’entremêlent.

Depuis de nombreuses années, la première dimension de son travail porte sur des bestiaires mythologiques étranges sortis de son imagination, de ses voyages et de ses souvenirs de l’histoire des civilisations anciennes et d’autres influences païennes. Sur des murs monochromes rouges, bleus, un trait blanc découpe la silhouette d’animaux fantastiques, faisant basculer le spectateur dans un monde onirique, irréel.

Les influences littéraires guident sa seconde démarche où le dessin tire le portrait d’écrivains et auteures rêveurs, libres et voyageurs qui posent la question d’un ailleurs. Parmi eux, Arthur Rimbaud, Ella Maillart, Antoine de Saint-Exupéry, Blaise Cendrars, Ernest Hemingway mais aussi Marguerite Duras. Cette dernière, son enfance en Indochine et les récits qui l’ont suivi, ont été au cœur de plusieurs travaux de Delphine Delas. Un hommage fin août 2016 dans le quartier de Belcier, au fil d’un parcours street-art d’une exposition et d’un mapping. Jusqu’en septembre cette année sur les murs de Duras, le village du Lot-et-Garonne qui a donné son nom de plume à l’écrivaine.


Certains lui trouvent des ressemblances avec l’univers du bédéiste Hugo Pratt. Flattée, elle retrouve bien ce rapport au voyage et s’intéresse davantage à la captation à l’encre et au fusain, en noir et blanc, des expressions d’un visage ou d’un mouvement.

Au-delà d’une plasticienne, Delphine Delas s’illustre dans l’art urbain qu’elle a approfondi en vivant à Barcelone. Depuis, elle ajoute à ses fresques peintes et ses collages un nouveau grain de sable, des histoires visuelles projetées grâce au mapping. Elle en tire une réflexion sur cet art libre qui utilise la ville et son histoire comme supports. Elle se répond d’artistes comme JR et Ernest Pignon Ernest, le modeste « grand-père du street-art ». Malgré l’héritage, elle exprime des dimensions plus historiques, plus poétiques que sociales, qui interrogent sur les frontières des réalités propres à chacun.

Delphine Delas a été conviée a donné son regard sur le Port de la Lune inscrit depuis dix ans au patrimoine mondial de l’Unesco. Face au palais de la Bourse où a lieu l’exposition 10 ans, 10 regards, sa fresque maritime collée au bord du miroir d’eau, mêle « peinture, modernité et urbanisme ». Sa marine dessinée à l’encre sépia naïve est comme une mise en abîme de la Garonne d’hier et d’aujourd’hui.

Outre ses projets à l’étranger, l’artiste voyageuse sera cet été présente à Bordeaux, lors de la saison street-art colorée de Bacalan. Puis le 28 septembre, sur les silos de Bacalan, le projet surréaliste Res Publica racontera, en partenariat avec le musée d’Aquitaine, l’histoire de la ville à travers les contes et légendes du vieux Bordeaux.

Article publié sur www.bordeauxtendances.fr